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Pégase me fait de l’oeil

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Tout a commencé il y a deux mois. Environ. Cinq jours par semaine, je prends les transports en commun, rer C, ligne 13, le changement, interminable, se fait à Invalides.

Cinq fois par semaine, je marche entre deux murs de céramique, engloutie par la foule et ses bousculades matinales. Difficile, quand un tapis roulant vous emporte vers l’univers cynique du travail, de lever les yeux pour musarder. Pourtant, il y avait sur les carreaux blancs d’étranges aplats de couleur – œuvre d’art sans doute, mais beaucoup trop abstraite pour mes yeux embrumés. Un jour, tout de même – les tapis roulants étaient en panne – je me suis prise par la main (au sens figuré) et j’ai ralenti. Le temps de trouver mon téléphone pour prendre une photo, et déjà j’avais distingué une silhouette. D’homme. Intriguée, j’ai affûté mon regard, fait le point (sur l’infini, pas sur le mur) et vu apparaître un cheval aile.

Pégase dans le métro des Invalides

Pégase.

La rencontre à du s’achever rapidement, pressée comme je l’étais. Mais très vite j’ai cherché -et trouvé-ce que représentait cette fresque. Pégase, ou plutôt les statues dorées ornant le pont Alexandre III. Je suis sortie, un soir, pour aller les admirer, et un dimanche, je suis allée jusqu’au Louvre pour découvrir la Renommée chevauchant Pégase.

Et puis le temps a passé. Les fêtes de fin d’année sont arrivées, amenant avec elles leur lot d’émotions. Ensuite, le mois de janvier – il est presque fini, déjà – a été caractérisé par un manque de travail phénoménal. Je ne m’étendrai pas trop longtemps sur ma vie, qui n’a somme toute rien d’extraordinaire, mais je me suis rendue compte pendant les trois semaines qui viennent de s’écouler qu’il n’y a rien de plus fatiguant que de ne rien faire. Après avoir passé mes journées dans l’ennui le plus total, je rentrais épuisée, sans aucune envie de réfléchir.

J’aurais bien failli l’oublier, ce cheval mythique, s’il n’avait pas recroisé ma route vendredi dernier à Bruges sous la forme d’une sculpture au milieu d’une place. Et dimanche, à Bruxelles au cours de mes errances, je l’ai encore croisé sur la couverture d’un livre, comme dessiné là par hasard. Hasard ? Sans doute, n’est-ce pas, mais toute cette accumulation me fait dire que je ne dois peut-être pas oublier Pégase dans les méandres poussiéreux de mon esprit.

Pégase à BrugesPégase à Bruxelles

Alors… je crois que je n’ai pas le choix : je me lance sur ce thème, surtout que depuis deux jours, la comptine de Jacques Prévert me trotte dans la tête… Âne volant, cheval ailé…

Etre ange
c’est étrange
dit l’ange
Etre âne
c’est étrâne
dit l’âne
Cela ne veut rien dire
dit l’ange en haussant les ailes
Pourtant
si étrange veut dire quelque chose
étrâne est plus étrange qu’étrange
dit l’âne
Etrange est
dit l’ange en tapant des pieds
Etranger vous-même
dit l’âne
Et il s’envole.
Prévert

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